[FRENCH] Créé par Bill Everett en 1939 dans les pages de Motion Picture Funnies Weekly puis récupéré quelques semaines plus tard par Marvel Comics, Namor le Sub-mariner est assurément une des principales figures dès qu’il s’agit de super-héros aquatiques (précédant même le fameux Aquaman). Son origine est bien connue car d’emblée elle a fait l’objet de deux versions (une dans Motion Picture Funnies, une autre dans Marvel Comics #1) basées sur un même tronc commun de pages. Par contre on oublie souvent la version bien plus complète que Bill Everett en donna quelques années plus tard, à partir de 1954. C’est un peu « l’origine oubliée » du Prince Namor. 6g666
Dans Young Men #24, il était avant tout et surtout rappelé par son amie Betty Dean pour enquêter sur une étrange affaire. On expliquait qu’il avait é les dernières années dans son royaume mais si vous n’aviez pas accès aux épisodes des années 40, vous étiez bien en peine de deviner ses origines, l’étendue de ses pouvoirs ou même ce qu’était son royaume (à plus forte raison parce que c’est n’est qu’à partir des années 60 que Marvel utilisa le mot Atlantis pour cet endroit). Bill Everett avait relancé sa création sans trop se poser de questions sur ce que le lecteur pouvait savoir ou pas… L’histoire n’était pas incompréhensible pour autant. Mais il est certain que le fan de Sub-Mariner avait sans doute plus de questions que celui d’Human Torch ou de Captain America… é Young Men #24, Marvel redonna aux trois héros leurs séries individuelles et il semble que le premier objectif de Sub-Mariner #33 était de combler la lacune. D’où le titre, « L’origine de Sub-Mariner », pour une version rénovée est détaillée des débuts du héros. Bill Everett avait une quinzaine d’années de métier de plus, il avait plus de recul et il se lança donc dans ce qu’on pourrait qualifier de « version longue » de la genèse de Namor.
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A la surface, dans le navire, on a compris que quelque chose a mal tourné. Non seulement les communications ont été coupées mais les tuyaux d’air s’agitent comme s’ils n’étaient plus retenus par rien. Un phénomène typique quand ce genre de tuyau est tranché. Immédiatement le second demande à un autre homme de plonger pour tenter de réparer et de sauver ses deux collègues pendant qu’il est encore temps. Mais le troisième plongeur ne peut que constater que les deux premiers explorateurs gisent au fond de l’eau, morts. La panique se repend encore plus à bord quand, après avoir remonté les corps, on remarque que les décédés n’ont pas simplement suffoqués. Ils se sont noyés après que leurs casques aient été ouverts. Et leurs tenues portent des traces de coups de couteau…
A partir de là, l’histoire se désintéresse des marins (qui, on l’imagine, décide de rentrer chez eux bredouille) mais elle diverge également beaucoup du modèle de 1939. Dans la version originale les humains ne récupéraient pas les cadavres des deux plongeurs. Namor provoquait le naufrage du bateau et partait avec les deux cadavres, toujours convaincu qu’il s’agissait de robots. Arrivé auprès des siens, on lui expliquait sa méprise mais, comme les humains étaient considérés comme des ennemis, on décidait de conserver leurs squelettes comme des trophées. Les congénères de Namor, en 1939, étaient montrés comme des barbares et le héros lui-même, tout en ignorant ce qu’il faisait, provoquait quand même la mort de tout un équipage. Dans la version de 1954, Bill Everett a donc édulcoré le propos. Namor tue toujours deux plongeurs par méprise mais l’équipage s’en tire et les deux cadavres ne seront pas utilisés de manière indigne. On pourrait imaginer qu’au fil des ans Everett avait lui-même oublié des détails de l’histoire. D’autant que les origines d’Human Torch et de Captain America dans Young Men comportaient elles aussi des variations notables. Mais dans le cas de Sub-Mariner, la situation était différente car c’est le seul des trois héros qui restait écrit par son créateur d’origine.
Mieux: On voit à certains détails des premières cases que même s’il a redessiné les planches Everett a forcément relu la première mouture puisque même certains noms de marins (par exemple le plongeur Nelson) sont identiques. Il y a donc une volonté délibérée de sa part de changer certaines choses. Il faut dire qu’en 1939 Everett avait d’abord créé Namor comme un antihéros, une sorte de Nosfératu ou de Fantômas en guerre contre la race humaine. Et puis, très vite, rattrapé par les événements et l’approche de la seconde guerre mondiale, peut-être aussi animé par une volonté de plus se rapprocher d’un Superman que d’un Dracula, Everett avait réorienté son personnage au bout de quelques épisodes pour en faire un allié des humains. En 1954, avec le recul, Everett avait sans doute décidé d’épurer le CV de son personnage, de ne garder que les deux morts par méprise (c’est à dire sans intention de donner la mort) et d’effacer le reste…. Détail supplémentaire: La couverture de Sub-Mariner Comics #33 nous montre bien Namor aux prises avec un plongeur mais celui-ci porte un emblème représentant une faucille et un marteau. C’est visiblement un communiste (et sans doute un Soviétique) alors qu’en 1954 l’anti-communiste battait son plein. Même si tout laisse à penser que les marins dans l’histoire sont des américains ou des anglais, la couverture induit que les plongeurs sont peut-être des ennemis de l’Amérique. Et à partir de là un flou est jeté sur ces morts…
Quand il s’agit de montrer Fen lors d’un flashback elle a donc la peau bleue. Tout ça vient d’une sorte de malentendu qui remonte à l’origine racontée dans Motion Picture Funnies et Marvel Comics #1 en 1939. Dans le premier épisode de Sub-Mariner, Everett avait effectivement dessiné les proches du héros avec une peau bleue… Mais seulement parce qu’ils se trouvaient sous l’eau ! D’ailleurs, quand Namor plongeait « sous la surface », lui même apparaissait avec une peau bleue. C’était un effet de couleur pour montrer quelle scène se ait sous l’eau, par opposition à l’ère libre. Ainsi dans Marvel Comics #1, dans un age qui montre Fen elle aussi à la surface, elle est bien de couleur chair. L’idée première était donc que ce peuple n’était pas réellement bleu ou vert. Par la suite, cependant, le concept s’est un peu perverti. Everett et d’autres dessinateurs ont pris l’habitude de tout le temps représenter Namor couleur chair, même sous l’eau, ce qui par conséquent a imposé l’impression que le peuple aquatique était vert ou bleu. Ici, c’est globalement cette solution qui est adoptée, si ce n’est que Fen aussi est représentée couleur chair. On verra d’ici quelques lignes pourquoi.
Sans perdre de temps, Fen file sous l’eau faire son rapport à son père, l’Empereur. Et là, on n’est pas loin de penser que ce peuple amphibien est atteint d’une sorte de tare de l’intelligence. Car quand il apprend que les hommes de la surface sont sur le point de partir, le père de Fen est catastrophé : « C’est terrible, Princesse ! Nous… Nous ne sommes pas encore prêts pour la contre-attaque ! Tu dois trouver un moyen de retarder leur départ ! ». Nous sommes bien d’accord que le problème immédiat des hommes-poissons, ce sont les explosions provoquées par les bateaux au dessus d’eux. Problème qui serait en théorie réglé si les humains partaient dans quelques jours. Donc décider de retarder les bateaux de manière à les faire rester plus longtemps, pour les attaquer, est en théorie totalement contreproductif. C’est Fen qui, une case plus loin, nous donnera un semblant de réponse, quand elle pense « Je dois les retarder assez longtemps pour que nous puissions avoir notre revanche ! ». Il ne s’agit donc plus d’arrêter les explosions mais bien de s’attaquer à des ennemis considérés comme des criminels de guerre. Seulement voilà, Fen n’arrive pas à trouver le moindre prétexte. Qui plus est, elle est paniquée à l’idée que McKenzie pourrait la ramener en Amérique « J’étais préoccupée à l’idée d’être piégée dans le navire s’il partait avant que notre armée puisse attaquer. Je savais que je ne pourrais jamais survivre dans les températures chaudes de l’hémisphère Nord ! ».
Namor continue cependant d’être la voix de la raison (une attitude assez absente de la version de 1939, en particulier à ce moment où il décidait de partir en guerre sans se poser de question): « Mais, Mère, tu dis avoir aimé mon père ! Comment peux-tu avoir ces sentiments envers lui ? Ca n’a pas de sens ! ». Fen lui rétorque « C’est un non-sens, mon fils ! C’est son peuple que nous détestons ! Nous sommes maintenant prêts à leur faire la guerre ! Mais parce que tu as du sang chaud en toi et que tu peux vivre dans leur climat c’est ton devoir de te rendre en
En guise d’épilogue, le narrateur explique au lecteur de 1954 que si Namor a quitté sa demeure de l’Antarctique pour envahir notre hémisphère pour « une mission de meurtre et de destruction », il s’est rendu compte que l’idée d’une vengeance était vaine : « On le retrouve des années plus tard, alors qu’il n’a plus qu’une vague trace de son amertume envers la race humaine ! ». Autrement dit Namor est maintenant un héros, bien qu’il soit une forte tête, mais Everett s’est arrangé pour placer dans cette origine nouvelles quelques occasions où, de toute manière, Namor est moins agressif qu’on pouvait le penser en 1939. Soit Everett était particulièrement satisfait de cette évocation de la jeunesse de Namor, soit des lettres de lecteurs poussèrent l’auteur à aller en ce sens. Mais en tout cas les épisodes suivants contiendraient plusieurs autres histoires du jeune Namor à ses débuts, un peu selon la même logique qu’un Superboy. Plusieurs aspects de cette « origine ultime » de Sub-Mariner selon Everett ne sont plus valables dans la continuité actuelle. Le faciès des hommes-poissons n’est plus supposé être si caricatural. Et Fen ne pourrait plus er pour une caucasienne. La série Marvels Project a plutôt réécrit l’histoire de manière à ce que Namor jure de se venger… des Nazis après qu’ils soient venus attaquer son royaume. Rien à voir avec les marins innocents qui cherchent une épave au début de Sub-Mariner Comics #33. La série Defenders de Matt Fraction a également évoqué une relation bien plus riche envers le Commandant McKenzie et son épouse Fen : On y découvre qu’ils auraient fait partie d’un cercle d’aventuriers, aux côtés du… Capitaine Nemo. D’une certaine manière on voit mal comment McKenzie trouverait le temps d’aller jouer au proto-super-héros alors qu’il est au Pôle Sud. D’un autre côté, le temps induit ici (Fen a le temps d’apprendre l’anglais) est long, ce qui permet certaines potentialités. Mais la Fen de l’univers Marvel moderne est bleue et McKenzie ne pouvait donc rien ignorer de sa nature…
Néanmoins, si elle n’est plus « valable » sous un certain angle, cette origine étendue de 1954 comporte certains éléments intéressants. Et pas seulement l’allergie des Atlantéens envers les climats chauds. Par exemple elle lie la naissance de Namor à un important stock d’uranium. A partir de là on peut se demander si Sub-Mariner est un mutant seulement parce que ses deux parents sont issus de deux races différentes où si, d’une manière ou d’une autre, certaines de ses particularités auraient pu être causés par des radiations. Pour Everett, il s’agissait sans doute surtout de redessiner les débuts de son héros, alors que lui-même était devenu un dessinateur bien plus talentueux qu’en 1939. De ce fait, le retour de Sub-Mariner et la refonte de ses origines furent bien plus élégants que ce qui avait pu se faire par ailleurs avec Human Torch ou Captain America. En définitive, Sub-Mariner Comics #33 fut la dernière grande occasion pour Everett de raconter son personnage comme il l’entend, en y mettant tout ce qu’il pouvait, comme il voulait. Reste une dernière question qui n’a jamais réellement trouvé de réponse. Comment Namor, qui ne savait même pas à quoi ressemblait un homme de la surface, pouvait-il avoir ne serait-ce qu’une vague idée du concept de « robot » ou « ‘d’hommes mécaniques » alors qu’à l’évidence il n’en existait pas dans sa civilisation d’origine ?
[Xavier Fournier]
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